En ces ultimes heures de l'avant-dernier jour de l'année, quelques secondes d'un sauvetage ordinaire d'un vieux futreau malmené par des eaux puissantes...
Philippe et Manu convaincus de leur réussite ramènent à la flottaison la nacelle dont la devise est Fût de Trop.
L'abominable été doit être oublié. Aujourd'hui la rivière Allier est bien vivante et semble vouloir encore impressionner...
L'échelle des crues du pont du Veurdre indique un positif de 1,04 m. Rien de bien méchant. La Dore et la Sioule sont en alerte et contribuent grandement à cet afflot. Pour l'instant aucun déplacement de nos bateaux n'est nécessaire.
Par contre il pleut depuis dimanche dernier et nos nacelles sont à visiter quotidiennement. Chaque matin avant le jour, avant d'aller travailler, la rivière est traversée aux avirons car nos bâtons ferrés ne touchent plus le fond. Les eaux sont limoneuses et vont vite. Aujourd'hui c'est Cécile qui s'y colle.
Traversée aux avirons avant le jour
Les images ont du grain... mais elles donnent l'ambiance !
Futreaux la Gabrielle et Bel Orléans, toue le Lion d'Or
Ce matin de grosses gouttes bruyantes tombent sur le Val Bourbonnais et augurent que les eaux marchandes reviendront enfin ! La visite hebdomadaire des bateaux commence par une mise à sec.
L'envie de naviguer, de voir un peu loin que l'échelle de la rue de la Chaîne nous convainc d'embarquer sur la toue Pénélope et de tester son vieux moteur fatigué...
photos nelly perret et dylan méténier
... Fatigué et incertain ! Le vieux moteur s'arrête sous la pluie qui redouble, bien à l'aval du port d'Embraud... Pas le temps de réfléchir, les gaffes embarquées feront le rôle de bâtons ferrés. Très vite, les nuées de sud-ouest (de soularne) courent sur la rivière et nous font face rendant la remontée encore plus pénible. C'est le moment de tester notre volonté à contrer les flots de la rivière Allier, même si cette toue d'exploration est le contraire d'un fin futreau...
Cote échelle des crues du pont du Veurdre : - 0,34 m rivière à la hausse.
Manu au bâton sur le vieux futreau Hors du Temps
Sous un ciel chargé, avec la montée (attendue) des eaux, les bateaux chavans quittent leur stationnement de l'été et les ombrages des chênes de bordure. C'est un plaisir de les déplacer enfin et de les soustraire à la pluie de feuilles et de glands qui les recouvrent maintenant. Toues, bachots et futreaux retrouvent leur ancrage officiel de la rue de la Chaîne.
Jean-Marc et Dylan (photos Nelly)
Poursuite de l'initiation au bâton ferré pour Abel. Cécile, sur la levée arrière maintient le futreau Bel Orléans en ligne, tandis que Manu surveille au plus près les tout premiers plantés de bâton.
Il n'est pas encore utile de donner une cote du niveau de la rivière, mais elle frémit... Cet après-midi, une visite s'impose aux bateaux car il pleut enfin !
Une fois encore, nous sommes heureux d'accueillir sur le domaine d'Embraud des personnes venues de toutes la France et pour cette matinée Batellerie, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, de l'Isère et de l'Allier.
Cette année, celle de tous les excès, nous avons le regret de ne pouvoir proposer une promenade en rivière comme nous en avons l'habitude par manque d'eau.
Néanmoins nous tentons une "immersion batelière" avec la petite équipe du jour : Jean-Marc, Nelly, Gilles, Dylan et Manu.
photos nelly perret
La veille, nous montons avec peine aux bâtons ferrés le futreau Tresse-Allier vers le bec de Bieudre. Il y passera la nuit et nous permettra d'évoquer par son symbole le riche passé batelier.
L'endroit est toujours aussi beau et sauvage, offrant de belles perspectives de rivière. Mais avec une année de recul, nous déplorons l'envahissement d'une plante étrangère aujourd'hui bien connue sur la Loire et l'Allier, la jussie. Originaire d'Amérique du Sud, elle est au premier abord plutôt jolie, avec une petite fleur d'un jaune d'or, mais elle asphyxie toute la flore endémique. Son expansion est telle, qu'aujourd'hui, à la fin de ce terrible été, la Bieudre, la rivière du bocage, n'a plus la force de rejoindre l'Allier. Le bouchon jussie l'en empêchant ! Du jamais vu...
Le lieu de rendez-vous est maintenant prêt, le chemin inverse est fait par la terre et nous remercions ici Sébastien, à la double-casquette, chavan et depuis peu employé communal, qui a tracé pour cette occasion un magnifique sentier à travers les "verdiaux".
le bec de Bieudre aujourd'hui totalement végétalisé
Au matin du dimanche, au milieu de la cour d'Embraud, les stagiaires sont prêts. Manu les invite à le suivre, son coffre de marinier sur l'épaule en direction de la rivière, via la vigne de Braud, la rue de la Chaîne. Une autre journée ensoleillée s'annonce.
Autour du feu, sont évoqués les célèbres chantiers à bateaux du Veurdre en présence de descendantes de la famille Bélêtre, charpentiers en bateaux réputés, ainsi que l'histoire de cette navigation intérieure. L'occasion de signaler la découverte dernière d'une grande pirogue monoxyle par un des membres de l'Association Allier Sauvage.
Un aller-retour, d'une rive à l'autre au bâton, donne une idée d'un voyage sur cette rivière, Jean-Marc expliquant au groupe la manoeuvre, secondé par Nelly qui explique la problématique de la jussie.
Le retour vers la rue de la Chaîne au pied d'Embraud nous conduit à l'échelle qui elle-même conduit à la planche de la toue le Lion d'Or. Nous invitons le groupe à l'emprunter... Deux personnes n'envisageant absolument pas d'utiliser pareil dispositif auront le privilège d'embarquer par la grève proche et d'ainsi entrer en bateau plus facilement.
Même si la toue est sur ancre, nous invitons à une répartition équilibrée pour percevoir la flottaison de la nacelle. Il est alors évoqué les traces, les marques, les graffitis d'ancres et de bateaux, les objets de ces vies passées sur l'eau, notre recherche des gestes, l'histoire de nos futreaux et de nos voyages et aventures. Avant midi est offert la pompe-aux-grattons Ferrier (la meilleure du monde) et un verre du vin de Riousse. Deux complaintes batelières terminent cette matinée.
Jour de transmission. Manu aujourd'hui dans un statut de grand-père initie pour la première fois son petit-fils Abel, 5 ans, à la tenue du bâton ferré, outil de toutes les manoeuvres en rivière. Belles lumières, eaux douces, trop douces mais aux allures qu'il convient pour cet instant.
Ce jour, le batelier du Ried, Patrick Unterstock et son fidèle ami Pierre Fédy, en provenance d'Alsace, font étape à Embraud avant de rejoindre le grand Festival de Loire d'Orléans. À préciser que ces deux garçons pilotent leur bateau (non motorisé) de façon traditionnelle en maniant comme personne le bâton ferré. Ce sont nos frères de rivière.