En prévision du stage d'Embraud les 8 et 9 octobre prochains et sa matinée batellerie, 16ème du nom, on s'affaire au nettoyage des futreaux, toues et bachots.
Cécile
Niveau de rivière toujours très bas, ci-dessous, la confluence de la rivière Bieudre avec l'Allier.
Échelle des crues du Veurdre : + 1,06 m. La rivière Allier prend presque deux mètres en 24 heures ! Afflot violent nécessitant le déplacement de tous les bateaux. Hors du Temps est traversé vers le calme de la pointe de l'île aux Chèvres, tandis que le train, Lion en tête, et remonté rue de la Chaîne.
Après deux annulations successives, la 27ème Fête de la Rivière a eu lieu ce jeudi d'Ascension 26 mai 2022 par un niveau d'eau digne d'un mois d'août (- 0,90 m) mais devant un public dense digne des plus grandes années. Voici le diaporama de nos fidèles et talentueuses contributrices : Nathalie Bugeat, Patricia Bouffard et Nelly Perret.
Remerciements renouvelés à Jean-Christophe Grossetête pour ses commentaires avisés malgré la panne de son. Comme dirait Jacques Paris, "tout à la gueule" !
Les photos de Nathalie Bugeat
Cette année, malgré des conditions de navigation très limitées, on a pu voir sur l'Allier évoluer le train de bateaux composé du Lion d'Or et de Pénélope, deux toues de 13 et 8 mètres. Train conduit aux bâtons ferrés avec grande précision, offrant même une manoeuvre rare de retournement devant le public.
Les photos de Nelly Perret
Ce fut un autre baptême pour Nelly et Dylan, l'équipage du futreau Bel Orléans, qui participaient pour la première fois à une fête de la rivière.
On a pu voir se succéder diverses techniques de conduite des bateaux traditionnels telles que le bâton (statique ou "en marchant"), les avirons et la voile. Le vieux futreau Hors du Temps offrant cette année encore un magnifique final, échappant à la foule vers des eaux plus hautes...
La Tour Barrieu, lieu puissant et chargé de la rivière Allier
Échelle des crues du pont du Veurdre : + 0,14 m
Depuis plusieurs jours, nous suivions la bonne conjugaison des éléments annoncée pour cette fin de semaine avec ce matin une rivière marchande et un ciel bleu azur.
L'équipe du jour est à pied d'oeuvre pour une remonte test à l'amont d'Embraud car actuellement il est difficile de rejoindre l'île du Ponsut comme nous en avons l'habitude lors de nos voyages publics. La Tour Barrieu à une heure de navigation pourrait être le but du jour tant le lieu n'est que beauté. Ici la puissance des eaux transforme perpétuellement le paysage et les anciens naufrages font échos... C'est un peu comme un sommet de montagne, on est heureux de l'atteindre mais aussi on s'y sent un peu fragile !
Etablissement du scénario du jour
Halte devant les terres de la Charnée
Cette remonte n'est pas une promenade même si chacun en prend plein les yeux. Le val est ici très sauvage. L'eau, puissante, court et frise à contre le vent de bise, même le sable et les caillous semblent en mouvement. Le Lion d'Or progresse dans un dédalle de grands arbres morts emportés par d'anciennes crues. Quelques ratés du moteur au plus mauvais instant (c'est toujours comme ça) ont fait place à de l'incertitude dans nos actions, rappelant l'ambivalence de notre situation, à la fois pas très loin de notre port mais maintenant si inaccessibles... Heureusement le casse-croûte de midi à la confluence du ruisseau de Beauregard dissipe rapidement ces "bad vibrations" comme dirait notre ami Freu.
Pourtant, aujourd'hui nous avons besoin de réussite. Depuis ce matin, nous remorquons un de nos futreaux pour une première. C'est un grand jour pour Nelly et Dylan qui vont tenter de revenir à bon port, pilotant seuls leur nacelle.
Nelly et Dylan prêts et bientôt libres
Notre toue lève l'ancre avant 13 heures, renégocie les grands virages de la Tour Barrieu pour naviguer en des eaux plus franches. Il est temps de convier les jeunes bateliers à entrer en bateau pour leur première avalaison autonome.
Le futreau Bel Orléans vient d'être largué en pleine rivière
Rapidement, la cadence des avirons fait prendre de la vitesse au Bel Orléans. Rien d'évident pourtant et n'oublions pas que c'est une première pour cet équipage d'être aujourd'hui en pleine rivière. Le duo d'avirons est une chose un peu curieuse. D'abord, l'équipage tourne le dos à la "route", ce qui complique un peu, ensuite c'est l'avironneur de tête qui prend les décisions, mais néanmoins ce n'est pas lui qui impose le tempo, il doit au contraire se "caler" sur l'équipier qui lui tourne le dos...
Par sécurité et comme il se doit, à l'amont du pont du Veurdre le binôme renversera la marche de la nacelle pour assurer visuellement ce franchissement. A l'inverse l'ancienne chevrette sera franchie à la "ronfle".
Les terres de Braud se dessinent déjà avec un final complexe puisque il faut passer notre pertuis, encombré à mar et à galarne d'embâcles de bois. Manoeuvre presque réussie ! A déplorer la casse d'un support de rame qui sera bien vite remplacé.
Le futreau est pendant quelques mêtres à contre-courant pour venir se raccrocher à la toue-mère.
Belle descente qui a duré le tiers du temps de la montée ! C'est ainsi pour toutes les rivières du monde.
photos sabine mouche, gilles montagne, nelly perret, manu paris
Le Printemps n'est pas là mais ce matin il se devine. L'équipe batelière résistante se retrouve aujourd'hui motivée par une maintenance d'un de nos bateaux. Une cornière protectrice d'enchême (bord saillant immergé de la nacelle) doit être refixée. Pour cela, il faudrait théroriquement sortir le bateau sur la grève puis le caler sur un côté, manoeuvre coûteuse en bras qui font défaut aujourd'hui. C'est alors que la situation peu commune de notre "port" rue de la Chaîne à Château prend toute son importance. En effet, l'accès aux bateaux s'effectue par une échelle et là-haut sur le talus un grand chêne surplombe la scène... L'idée d'y accrocher le palan à corde du grand-père s'impose alors, ce que nous mettons tranquillement en oeuvre ce matin.
D'abord il faut démêler le long cordage qui passe à travers les six poulies du palan
... puis tirer fort en prenant garde à ce que ni la branche, ni le cordage, ni les membrues de la toue, ne cassent tant notre force n'est maintenant plus soupçonnable !
La démultiplication des poulies élève sans problème les deux tonnes en présence
Sans attendre nous procédons à la réparation
Quelques minutes plus tard, la manoeuvre inverse repose délicatement sur l'eau notre Pénélope
Avant midi, nous entrons en bateau pour une circumnavigation autour d'Embraud, heureux de notre réparation autarcique. Les eaux amont demeurent juste limite pour une navigation paisible, aussi nous jetons l'ancre un peu à l'aval de l'île du Veurdre. Nous reprendrons dans l'après-midi notre exploration.
La seconde levée d'ancre nous conduit vers des eaux plus hautes. Une navigation sereine jusqu'au seuil de Chambon, dont le vif courant oblige comme toujours une attention particulière.
Malgré l'absence de crue, pourrions-nous même dire le défaut, nous ne pouvons éviter que les grands bancs de sable, aussi libres que les eaux, courent toujours vers la mer et nos "routes" sont sans cesse à revoir.
A l'amont immédiat du seuil, une grève inattendue nous contraint à la contourner et nous oblige à se rapprocher d'un vieil et inquiétant appareillement. Restes d'un perré immergé initialement construit pour que le bras principal de la rivière Allier arrose les quais du Veurdre, alors grand port du Bourbonnais.
Pont du Veurdre, rive "mar"
Le franchissement du pont ne pose aucun problème, notre nacelle est maintenant pilotée vers l'île aux Amours, quelques encablures à l'amont du château de la Baume, où l'ancre est jetée comme un point final à notre remonte batelière.
Le Lion d'Or est ancré à la pointe de l'île
Après cette manoeuvre de retournement, la rivière Allier portera notre grande toue jusqu'à Embraud
... mais la jolie grève de la Bayolle est trop tentante à fouler... et une fois encore le bateau est arrêté
Les douces lumières du val à la fin d'une belle journée
Le Lion poursuit son retour et chacun voit ce qu'il veut voir dans ses "trésors" de bois flotté, un dragon, une pieuvre ou rien du tout, seulement une matière, une odeur, une souvenance... (photos nelly perret)
Ce matin, froid et pluies éparses comme ils disent... Néanmoins, il suffit de l'avoir décidé, de la même volonté que nous nous sommes immergés dans l'Allier au premier jour de l'an, aujourd'hui nous démontons les planchers de la grande toue afin de retirer les amas de feuilles de l'automne passé. L'opération est ingrate mais nécessaire au bon fonctionnement de la pompe de bord qui, malgré sa petite taille, a en notre absence une fonction vitale. Anne, Cécile, Nelly n'ont pas rechigné à la tâche.
A l'heure de midi, en juste récompense, l'ancre est levée pour rejoindre la belle île du Ponsut et déjeuner à la chaleur des réchauds et lanternes. Au plus chaud, en cette glaçante journée d'hiver, le thermomètre de la cabane affichera 21° !
L'occasion aussi de confirmer nos itinéraires de transports publics qui, nous l'espérons, reprendront un jour...
Finallement l'onde passe à 2,01 m ce qui en nos terres n'est point une crue, la rivière ne quittant pas son lit mineur. Il n'empêche que ces eaux font grand ménage des rives, comme ces gigantesques arbres morts que le courant emporte et dont on craint toujours l'encastrement dans nos chaînes ou cordages d'ancres...
En ce dernier jour de l'année, à signaler une rencontre rare avec ce grand castor qui paraissait un peu déboussolé par ces eaux puissantes et nous pouvons imaginer que sa hutte inondée l'a peut-être contraint à se montrer moins prudent...